J'espère que vous prendrez du plaisir à lire cet article … Et mieux encore : qu'il vous soit utile.

🧠 Proie et prédateur : mieux vaut prendre un bâton pour un serpent et agir, plutôt que le contraire.

En Design Comportemental, proie et prédateur restent les deux pôles déterminants dans l’adoption des choix et comportements des utilisateurs. Thalamus et amygdales sont en permanence au taquet pour les identifier.

La notion duale « proie/prédateur » est traitée par le cerveau émotionnel et plus particulièrement le thalamus qui joue le rôle de gare d’aiguillage. Tous les signaux provenant des organes sensoriels y font escale avant d’être orientés vers d’autres zones cérébrales.

En Design Comportemental, la vision tient dans le processus proie / prédateur un rôle majeur. 

En 50 millisecondes, après avoir quitté la rétine, les signaux électriques atteignent le thalamus.

Celui-ci va estimer de façon approximative, sur base des «expériences éprouvées dans le passé », si les infos venues du « monde extérieur» contiennent des indices de « prédateurs » ou des « proies ».

Si un « prédateur » est détecté, et « enregistré » comme tel, le comportement suivant sera d’évaluer son niveau de dangerosité.

Si le danger est élevé, le thalamus ne se contentera pas d’envoyer les infos au cortex visuel avec la mention « prédateur » mais il enverra en parallèle un signal d’alarme aux amygdales. Évidemment pas celles à l'entrée de votre pharynx, mais bien celles situées dans le cerveau, toutes proches de l'hippocampe. Ces structures en forme d’amandes sont essentielles au décodage des émotions, et en particulier des stimuli menaçants pour l'organisme.

Dans ce dernier cas, notre réaction se déclenche en moins de 150 millisecondes, sans trop savoir pourquoi. Si aucun danger n’est détecté, les infos filent vers le cortex où s’élaborent nos perceptions.

Joseph LeDoux, professeur à la New York University, a modélisé ce mécanisme millénaire en un exemple baptisé « le serpent de LeDoux ».

  • Un promeneur marche en forĂŞt lorsque son cerveau « voit » en vision pĂ©riphĂ©rique l’image floue d’un bâton qu’il prend pour un serpent. 
  • Le thalamus active les amygdales qui dĂ©clenchent Ă  leur tour une rĂ©ponse instantanĂ©e de sursaut et de recul. En parallèle, le cerveau va mobiliser les yeux pour « regarder » les dĂ©tails de la scène.
  • Les infos recueillies sont envoyĂ©es au cortex visuel pour analyser l’image en dĂ©tail. S’il s’agit bien d’un vrai serpent, le thalamus booste l’effet des amygdales et la rĂ©action de fuite s’en trouvera dĂ©cuplĂ©e.
  • A contrario, si le cerveau conclut qu’il s’agit d’un bâton, les manifestations physiques de peur vont s’estomper.

La fonction de filtrage entre proie et prédateur tenait un rôle essentiel en contexte de survie et reste active dans notre quotidien.

Mieux vaut toujours prendre un bâton pour un serpent et agir plutôt que le contraire. Transposons ce cas de figure en Design Comportemental.

  • Revenu de sa balade, notre promeneur est Ă  prĂ©sent devant son ordi pour s’informer sur l’actu. Il consulte un site de news très populaire. 
  • ArrivĂ© sur la page d’accueil du website, s’y cĂ´toient des articles sĂ©rieux traitant de deux chefs d’accusation contre Donald Trump, de la rĂ©forme des retraites, de la pandĂ©mie qui force la Grande-Bretagne toute entière au confinement …
  • Mais aussi une dizaine de pavĂ©s affichant des promotions de « -25% sur la vente de pneus », des remises sur les « trottinettes Ă©lectriques noires Xiaomi », des pubs pour un « complexe dĂ©contractant musculaire en 30 comprimĂ©s »…
  • Que pensez-vous que son cerveau va faire ?
  • Il estimera prĂ©fĂ©rable de « voir » une pub comme un prĂ©dateur et de la zapper plutĂ´t que de la « regarder » pour s’apercevoir trop tard que c’était bien un prĂ©dateur.

Réfléchissez bien, votre vécu quotidien fourmille d’un tas d’applications de ce principe binaire d’attraction/répulsion. Citez-moi le premier qui vous vient à l’esprit.

Conclusion

La faculté innée de distinguer entre les menaces et les opportunités, une relique de notre héritage évolutif, joue un rôle crucial dans le quotidien et les comportements des clients / utilisateurs.

Le design comportemental, en s'appuyant sur ces mécanismes profondément ancrés, ouvre la voie à la création d'expériences utilisateur qui respectent et exploitent notre nature instinctive.

En adaptant nos apps, messages marketing, dialogue de vente pour refléter ces principes biologiques, nous pouvons non seulement faciliter des interactions plus naturelles et agréables mais aussi encourager des comportements positifs et réduire les frictions.

Voici quelques interrogations destinées à stimuler vos réflexions

Comment pouvez-vous utiliser la compréhension du mécanisme proie/prédateur pour créer des interfaces plus intuitives et sécurisantes pour les utilisateurs ? Pouvez-vous identifier des éléments de design qui sont régulièrement perçus comme des « prédateurs » par les utilisateurs ? Et comment trouver ce qu'ils considèrent comme « proies » ?

De quelle manière les insights sur la réaction rapide du cerveau face à des stimuli perçus comme menaçants peuvent-ils influencer votre approche de la recherche utilisateur ? Comment intégrer ces connaissances dans l'élaboration de questionnaires ou lors de l'observation des comportements utilisateurs pour mieux comprendre leurs réactions instinctives ?

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