On aime tous penser que nos décisions sont réfléchies, logiques, bien pesées. Mais en réalité, c’est rarement le cas.
Chaque choix que nous faisons est influencé par des mécanismes automatiques, que certains appellent « biais cognitifs ».
Mais attention, ces fameux biais, loin d’être des « erreurs », sont en fait les raccourcis que notre cerveau a créé tout au long de son évolution. Et qui nous sert aujourd'hui pour faire face à la complexité du quotidien.
Plutôt que de les voir comme des obstacles, il faut comprendre que ces biais sont des outils d’adaptation qui permettent à notre cerveau de traiter des informations de manière rapide et intuitive.
Voici cinq biais principaux qui influencent constamment nos décisions – même quand on ne s’en rend pas compte.
L’attention dirige notre manière de voir le monde (biais cognitif attentionnel)
Notre cerveau est une machine ultra-efficace. Pour ne pas se noyer sous une avalanche d’informations, il fait un tri permanent. Et ce tri, souvent influencé par nos émotions, notre humeur ou notre expérience, détermine ce qui capte notre attention.
Résultat : certains détails passent inaperçus tandis que d’autres prennent une importance démesurée. C’est simplement la manière dont notre cerveau filtre le monde autour de nous (sélection de l'information sur laquelle nous nous concentrons).
Exemples concrets de biais cognitifs attentionnel :
Les pertes nous affectent plus que les gains ne nous motivent (biais cognitif d’aversion à la perte)
Le cerveau humain est câblé pour éviter les pertes à tout prix. Nous ressentons la douleur d’une perte beaucoup plus intensément que la satisfaction d’un gain équivalent.
Ça fait partie de notre instinct de survie : dans un environnement hostile, perdre pouvait être bien plus dangereux que de simplement manquer une opportunité.
Même aujourd’hui, dans des situations bien plus sûres, ce mécanisme reste en place.
Résultat ? On évite de prendre des risques même quand la logique voudrait qu’on y aille (impact émotionnel des pertes par rapport aux gains).
Exemples concrets de biais cognitifs d’aversion à la perte :
La manière dont on présente les choses détermine notre perception des faits (biais cognitif de cadrage)
Ce n’est pas juste l’information elle-même qui compte, c’est la manière dont elle est présentée.
Prenons un exemple simple : « 90 % des gens sont satisfaits de ce produit » versus « 10 % des utilisateurs ne sont pas satisfaits ». Les deux énoncés disent la même chose, mais notre cerveau réagit différemment en fonction du cadre. On appelle ça le cadrage.
Ce biais nous fait réagir plus positivement ou négativement à une même information, en fonction de la façon dont elle nous est présentée (effet du contexte et de la manière dont les informations sont présentées).
Exemples concrets de biais cognitifs de cadrage :
Ce que nous possédons nous paraît toujours plus précieux qu’il ne l’est (biais cognitif de valuation)
Quand il s’agit de ce qu’on possède déjà, on a tous tendance à lui attribuer une valeur bien supérieure à ce qu’il vaut objectivement. C’est un attachement émotionnel qui rend nos possessions, idées ou choix plus précieux à nos yeux.
Et ce biais ne se limite pas aux objets : il concerne aussi nos décisions, nos investissements personnels ou professionnels.
On s’accroche à ce qui est à nous, même si les faits disent le contraire (attribution subjective de valeur en fonction de la perception des probabilités et des options disponibles).
Exemples concrets de biais cognitifs de valuation :
Ce que nous croyons influence ce que nous percevons (biais cognitif de confirmation)
Dès que nous adoptons une croyance ou que nous vivons une expérience marquante, notre cerveau va tout faire pour la confirmer.
On filtre automatiquement les informations de manière à renforcer nos croyances, tout en rejetant inconsciemment ce qui les contredit.
Ce n’est pas de l’entêtement, c’est juste la manière dont notre cerveau fonctionne pour maintenir une certaine cohérence dans notre vision du monde (primauté des croyances et souvenirs mémorisés).
Exemples concrets de biais cognitifs de confirmation :
Nos biais cognitifs sont nos alliés depuis des millénaires
On parle souvent des biais comme des erreurs de jugement. Mais en fait, ce sont des mécanismes naturels et essentiels. Ils permettent à notre cerveau de prendre des décisions rapidement.
Le vrai défi, c’est de savoir quand les reconnaître, pour éviter qu’ils ne nous piègent dans des schémas qui limitent notre capacité à voir d’autres options.
Mais au fond, bien compris, nos biais ne sont pas nos ennemis, ils sont nos alliés pour gérer la complexité du monde moderne.