« Homo-Sapiens » a toujours fonctionnĂ© Ă deux vitesses. Entre vigilance rĂ©flexe instantanĂ©e et analyse a posteriori. Ce mĂ©canisme binaire est toujours au cĆur de tous comportements humains, seule la nature des prĂ©dateurs et proies a changĂ©.
Le cerveau « Ă©motionnel » connecte les « expĂ©riences mĂ©morisĂ©es dans le passĂ© » Ă la situation « Ă©prouvĂ©e dans lâinstant » afin dâĂ©tablir des relations de cause Ă effet.
Si une situation identique Ă©tait survenue auparavant avec comme consĂ©quence la mort dâun membre du groupe, la probabilitĂ© Ă©tait cataloguĂ©e « Ă©levĂ©e » quâun nouvel Ă©vĂ©nement de ce type produise le mĂȘme rĂ©sultat.
Ătre la proie dâun prĂ©dateur ou survivre pouvait tenir Ă un poil de « panthera tigris » et quelques fractions de secondes.
Cela me fait toujours rire dâimaginer la longĂ©vitĂ© de notre espĂšce humaine si nous avions Ă©tĂ© des « Homo-Ćconomicus » rationnels et conscients.
Vous savez, cette idĂ©alisation de lâ « utilisateur » moderne, Homo-Ćconomicus, abusivement envisagĂ© ces derniĂšres dĂ©cennies comme le nec plus ultra.
Imaginez un de ces spĂ©cimens d'Homo-Ćconomicus dans la savane prĂ©historique :
« Oh, Ă 250 mĂštres je vois un gros animal Ă rayures courant vers moi. Sur base de lâensemble des traits que jâobserve, il doit sâagir dâun animal de la famille des fĂ©lidĂ©s, probablement un tigre Ă dents de sabre. Oui, oui câest bien un machairodonte mĂąle ! Jâestime la vitesse de sa course Ă environ 50 km/h. Vu cette cĂ©lĂ©ritĂ©, il lui faudra quelque 20 secondes pour se porter Ă ma hauteur. Plusieurs options sâoffrent Ă moi, analysons quelle est la plus optimale. Vu quâil est midi, et que les tigres partent habituellement chasser tard dans la journĂ©e ou de nuit, le fauve doit avoir son estomac plein. Dans ce cas, je peux rester sans bouger. Seconde option : faim ou pas faim, peut-ĂȘtre me voit-il comme une proie Ă zigouiller ? En ce cas, il faut que je ⊠Oups, je suis mort ! » đ
Heureusement, le héros de l'extrait ci-dessous, et vos utilisateurs, sont bien des Homo-Sapiens.
Notre biologie sâest naturellement construite au fil de millions dâannĂ©es autour dâun principe de « vigilance rĂ©flexe » selon lequel il Ă©tait prĂ©fĂ©rable de se tromper plutĂŽt que de risquer la mort.
Ce rĂ©flexe ne nous immunise toujours pas aujourdâhui Ă commettre des erreurs.
Que ce soit face Ă une app, un message marketing ou un dialogue de vente, le client court dâabord, et rĂ©flĂ©chi aprĂšs.
Lorsque nos ancĂȘtres voyaient fondre sur eux un « prĂ©dateur », il Ă©tait impĂ©ratif que le cerveau « Ă©motionnel » rĂ©agisse au quart de tour et que lâhumanoĂŻde prenne ses jambes Ă son cou sans entamer une analyse « rationnelle » de la situation sous peine de pĂ©rir de mort violente. Courir dâabord, analyser ensuite.
Aujourdâhui, dans lâexpĂ©rience que vos utilisateurs vivent en utilisant un service digital, si le cerveau perçoit des composants comme « prĂ©dateurs », que pensez-vous que le cerveau va faire ?
RĂ©ponse : Ă©viter les composants perçus comme « prĂ©dateurs ». Dit autrement, courir dâabord, analyser ensuite.
Conclusion
L'essence de la survie humaine, façonnée au fil des millions d'années, repose sur une capacité innée à réagir instinctivement face aux dangers, un principe qui continue d'influencer nos comportements dans le monde moderne.
Alors que les prédateurs préhistoriques ont cédé la place à des défis et des décisions du quotidien, notre cerveau émotionnel reste un acteur clé dans la maniÚre dont nous interagissons avec notre environnement.
Cette compréhension de la biologie comportementale ouvre des perspectives fascinantes pour les UX Designers, UX Researchers, et les professionnels du marketing et de la vente, les invitant à repenser la conception des expériences utilisateurs pour qu'elles soient en harmonie avec nos réflexes les plus primaires.
En fin de compte, embrasser notre hĂ©ritage d'Homo-Sapiens pourrait bien ĂȘtre la clĂ© pour concevoir des expĂ©riences positives.
Voici quelques questions pour la route
Comment pouvez-vous utiliser la compréhension de la « vigilance réflexe » pour créer des interfaces qui minimisent les réactions de « fuite » des utilisateurs et favorisent une interaction positive ?
De quelle maniÚre vos stratégies de recherche peuvent-elles explorer et mesurer les réactions émotionnelles et instinctives des utilisateurs face à différents éléments d'une expérience digitale ?